Excerpts

                  

Chapitre I.
Archives of the Intimacy

«A cette accumulation d’objets répond l’amoncèlement des images, tapissant telles des fenêtres ou des cadres les murs de la pièce. En mouvement ou non, celles-ci explorent une psyché où la mémoire se conjugue à la disparition. Ces compositions en noir et blanc oscillent entre réalisme et brouillages fantasmagoriques. Les collages numériques, réalisés à partir de peintures, de photographies et de projections de diapositives forment des palimpsestes entremêlant figures humaines et paysages striés d’ombres, d’effets de matière et de grain. Offrant une brèche à l’intemporalité cérémonieuse que semble revendiquer chaque élément du décor, ces images n’en constituent pas moins leur prolongement. Réalisés à partir d’archives familiales, ces montages photographiques amplifient le dédale perceptif de l’ensemble tout en multipliant les effets de miroir et les fausses issues. Cette sensation d’englobement est encore accentuée par les vidéos. (...)»
Benoît Dusard
«Chambre Close»
L’Art Même du 1er trimestre 2016
Full text here 

***

EN
This accumulation of objects is matched by a jumble of images covering the walls of the room like windows or frames. Whether moving or still, these images explore a psyche where memory is combined with disappearance. These black and white compositions oscillate between realism and phantasmagorical blurring. The digital collages, created from paintings, photographs and slide projections, form palimpsests interweaving human figures and landscapes streaked with shadows, material effects and grain. Offering a breach in the ceremonious timelessness that each element of the decor seems to claim, these images nonetheless constitute their extension. Created from family archives, these photographic montages amplify the perceptual maze of the whole while multiplying mirror effects and false exits. This feeling of encompassment is further accentuated by the videos. (...)"

---

Pourquoi? Pour palper les installations immersives de Ducène. L’historienne et critique d’art Septembre Thibergien parle à ce propos de “boudoirs où le temps se serait arrêté, comme figé pour l’éternité”. L’expression est juste qui restitue toute l’intensité de l’expérience.”Michel Verlinden -
«Claire Ducène. Labyrinthe mémoriel»
Le Vif/Weekend n°10 du 10 au 16 mars 2017
Full text here


***

EN
Why? To experience Ducène's immersive installations. Historian and art critic Septembre Thibergien describes them as ‘boudoirs where time has stood still, frozen for eternity’. The expression is apt, capturing the full intensity of the experience.

---

Chapitre II.
Cartography of Spaces - Unknown Worlds & Labyrinths

«Récit encrés, une série d’impressions pigmentaires réalisée par l’artiste belge Claire Ducène. Constituée d’une nébuleuse de photographies en noir et blanc en surimpression sur ce qui semble être des tâches d’encre, la série invite à questionner le rapport aux images, aux traces du passé et à l’oubli. Le travail de flou et de superposition donne un aspect énigmatique et hors du temps aux espaces photographiés, tout en leur conférant une aura vaguement menaçante et délétère. Qu’a-t-il bien pu se passer dans ces lieux qui semblent abandonnés ? En reste-il quelque chose aujourd’hui ? La série s’inscrit en  ligne directe dans l’ensemble de la réflexion plastique de l’artiste, s’articulant principalement autour de la mémoire, son absence et l’ambiguïté de ses formes possibles.»
Judith Condé - Le Suricate

Full text here

***

EN
‘Récit encrés’ (Inked Stories) is a series of pigment prints by Belgian artist Claire Ducène. Consisting of a nebula of black-and-white photographs superimposed on what appear to be ink stains, the series invites us to question our relationship with images, traces of the past and forgetting. The blurring and superimposition give the photographed spaces an enigmatic and timeless quality, while also lending them a vaguely threatening and deleterious aura. What could have happened in these seemingly abandoned places? Is there anything left of them today? The series is directly in line with the artist's overall artistic reflection, which focuses mainly on memory, its absence and the ambiguity of its possible forms.

---

Louviéroise d’origine et lauréate du prix du Hainaut des Arts plastiques en 2015, Claire Ducène a présenté sa première expo au musée des Beaux-Arts de Charleroi la même année. « Au début, mon travail portait sur mes archives personnelles et familiales, toujours anonymisées. Au fur et à mesure des années, il s’est posé sur d’autres thèmes de la mémoire mais qui consistait toujours en une déambulation dans celle-ci, au fait de se perdre dans la mémoire, qu’elle ne soit pas logique. »
Elle poursuit : « Il y a une suppression de tes souvenirs selon ce que tu veux laisser de côté, selon ce qui correspond à ta personnalité actuelle. Ainsi, de retour d’un voyage, tu vas te souvenir d’une chose absurde et pas forcément de l’ensemble du voyage ou d’une parole qu’on t’a dite mais pas forcément du contexte. Je trouve ça assez fascinant. Ça m’intéresse beaucoup de savoir ce qui va définir l’image qui va nous rester. »
Emmanuelle Bury
Full text here


***

EN
A native of La Louvière and winner of the Hainaut Prize for Visual Arts in 2015, Claire Ducène presented her first exhibition at the Museum of Fine Arts in Charleroi that same year. "At first, my work focused on my personal and family archives, which were always anonymised. Over the years, it has shifted to other themes of memory, but it still consists of wandering through it, losing oneself in memory, even if it is not logical."

She continues: "You suppress your memories according to what you want to leave behind, according to what corresponds to your current personality. So, when you come back from a trip, you'll remember something absurd and not necessarily the whole trip, or something someone said to you but not necessarily the context. I find that quite fascinating. I'm very interested in knowing what will define the image that will remain with us."

---

Chapitre IV.
Living Testimonies - Giving Voices to the Invisible

Bénévent-l’Abbaye. Claire Ducène raconte des mémoires. Claire Ducène, plasticienne, présentait lors du vernissage son exposition intitulée « Resouvenirs ». Celle-ci est le fruit d’un travail sur la mémoire réalisé dans le cadre d’une résidence à La Métive, en 2023, durant laquelle l’artiste s’est rendue dans les Ehpad de Chambon-sur-Voueize et d’Évaux-les-Bains. « Je travaille sur la mémoire depuis des années, sur le fait que l’homme se perd dans sa mémoire, comment on l’interprète, et son potentiel poétique ». Durant trois semaines, dans ces deux Ehpad, et notamment au sein de l’unité Alzheimer, elle a passé du temps à l’écoute des résidents, en présence des animatrices : « l’idée était de parler de choses positives, de faire le choix des bons souvenirs avec la volonté de ne pas avoir d’angle ».
C’est le thème de l’amour qui a surgi. 
Son exposition est une installation composée de petits espaces dédiés à la mémoire, dont les fragments s’envolent à l’image de ceux des pages d’un livre, et aux résidents, avec ce fauteuil, ces photos, reproduction d’un salon où trônent des souvenirs « comme un hommage à son labyrinthe mental ».
Resouvenirs parle aussi de la maladie d’Alzheimer, des bribes de phrases, celles répétées inlassablement, dernier rempart à la perte de tout contact, ces phrases qui permettent encore d’échanger avec l’autre.
Cette exposition émouvante et sincère, organisée en partenariat avec le CAC 23, est à découvrir à la Maison des patrimoines du mardi au samedi de 14 h 30 à 18 h 30.
https://www.lamontagne.fr/benevent-l-abbaye-23210/loisirs
claire-ducene-raconte-des-memoires_14655800/

***

EN
Bénévent-l'Abbaye. Claire Ducène recounts her memories. Visual artist Claire Ducène presented her exhibition entitled ‘Resouvenirs’ at the opening. It is the result of work on memory carried out during a residency at La Métive in 2023, during which the artist visited the nursing homes in Chambon-sur-Voueize and Évaux-les-Bains. ‘I have been working on memory for years, on the fact that humans lose themselves in their memories, how we interpret them, and their poetic potential.’ For three weeks, in these two nursing homes, and particularly in the Alzheimer's unit, she spent time listening to the residents, in the presence of the activity coordinators: ‘The idea was to talk about positive things, to choose good memories with the intention of not taking sides.’

The theme of love emerged.
Her exhibition is an installation composed of small spaces dedicated to memory, whose fragments fly away like those from the pages of a book, and to the residents, with this armchair, these photos, a reproduction of a living room where memories reign supreme, ‘like a tribute to their mental labyrinth’.

Resouvenirs also addresses Alzheimer's disease, fragments of sentences, those repeated tirelessly, the last bastion against the loss of all contact, those sentences that still allow communication with others.
This moving and sincere exhibition, organised in partnership with CAC 23, can be seen at the Maison des Patrimoines from Tuesday to Saturday, 2.30 pm to 6.30 pm.

---

«Oubliez votre vieil atlas en deux dimensions: avec «Bruxelles Invisible», les reliefs se sentent avec les doigts, les quartiers se donnent à entendre, les cafés vous happent de leurs parfums emmêlés. Ce projet hors du commun, né de l’intuition de l’artiste plasticienne Claire Ducène, repose sur une idée aussi simple que féconde: et si on laissait les personnes malvoyantes raconter la ville? «Pour nous, c’est l’occasion de partager une expérience personnelle, de faire connaître notre réalité quotidienne, basée sur d’autres sens que la vue», explique Gérard Barillot, dont la cécité s’est développée au fil des années. «Et pour les «bien voyants», c’est l’occasion d’entrer dans une autre réalité. Car souvent, alors que nous sommes les malvoyants, ce sont les «bien voyants» qui ne nous voient pas!»
Laurent Ancion
Full text here

***

EN
Forget your old two-dimensional atlas: with Brussels Invisible, you can feel the relief with your fingers, hear the neighbourhoods, and be drawn in by the entwined aromas of the cafés. This extraordinary project, born from the intuition of visual artist Claire Ducène, is based on an idea as simple as it is fruitful: what if we let visually impaired people describe the city? ‘For us, it's an opportunity to share a personal experience, to raise awareness of our daily reality, based on senses other than sight,’ explains Gérard Barillot, whose blindness has developed over the years. ‘And for the “sighted”, it's an opportunity to enter another reality. Because often, even though we are visually impaired, it is the “sighted” who don't see us!’

---

Chapitre V.
Collective Memories

«De l’ombre à l’ombre, Claire Ducène, nous invite à observer le temple qu’elle a échafaudé, en hommage aux travailleurs et travailleuses des mines. Invitée par les commissaires à questionner les luttes sociales des années 30, elle propose un dispositif qui offre différentes lectures.
Fascinée par les tombeaux égyptiens qui ont su garder palpable les traces d’une civilisation multimillénaire, elle a imaginé une Maison d’éternité aux allures d’un bouveau. Dans un jeu d’inversion, la narratologie qu’elle a empruntée aux anciens égyptiens met ici en valeur non pas les personnalités riches et puissantes qui ont défini les contours de la révolution industrielle et ses dérives, mais le travail collectif qui en creusant des galeries a érigé des montagnes.
L’édifice à l’apparence fragile est habilement étançonné pour s’ouvrir sur notre monde et créer un passage entre l’abîme et la surface. Dans un jeu d’aller-retour, on y croise un mineur. En cheminant dans sa galerie, le travailleur regagne la cité des vivants. Quand il avance vers sa chapelle, vers le fond, vers le mur, pour faire corps avec le musée, il semble, à l’image des défunts égyptiens, promis à la vie éternelle dans le royaume d’Osiris. Les parois ajourées supportent la mémoire d’une civilisation qui a façonné nos paysages et amené un prodigieux brassage culturel au pied des châssis à molettes. Son image se lit dans les écrans translucides contemporains, faits de plexi, qui évoquent des photos centenaires figées sur plaques de verre. Les mains de Claire Ducène, filmées en train de manipuler un registre qui décrit la répression des grévistes, soulignent en contrechamp combien les travailleurs et travailleuses étaient attachés à leur inexorable sort.»
Je Culture en Hainaut
«Pulsations, là où dialoguent les multiples visages d’une cité»
Full text here
 
***

EN
"From shadow to shadow, Claire Ducène invites us to observe the temple she has constructed in homage to the miners. Invited by the curators to question the social struggles of the 1930s, she proposes a device that offers different interpretations.
Fascinated by Egyptian tombs, which have preserved the tangible traces of a civilisation dating back thousands of years, she has imagined a House of Eternity resembling a bouveau. In a reversal of roles, the narratology she borrowed from the ancient Egyptians highlights not the rich and powerful personalities who defined the contours of the industrial revolution and its excesses, but the collective labour that dug it out.

---

Chapitre VI.
Curated Exhibition -
The Archive as a Medium

«What resulted was a two-year online, international and hybrid project, with artists and researchers from many different disciplines and backgrounds, including a historian, an anthropologist, as well as a choreographer, an opera composer, and a filmmaker. The artists who were invited to join the group all had a particular relationship with the archive or the archival document; some are focused on physical collections, while others work sonically, and others create their own archival material from contemporary events and production. Some use archives in their ‘raw’ form, while others take a completely different starting point from which to create their work. During monthly meetings, each of the 16 or so members shared their work and interests with the group, building up to a 10-day residency at ISELP in Brussels and La Métive, a residence located in Creuse in south-west France. This January, the group returned to ISELP – an artistic research centre – to set up the group exhibition Memories Gone Wild, which remains open until 25 March.»
Margerita Pulè - The Malta Art Paper, 3rd of March 2023
Full text here

---

«Les oeuvres présentées envisagent le rapport à la “vérité” sous des réalisations multiples, faisant écho à la multiplicité de l’archive, à ses différentes formes, mais aussi à la multiplicité des potentialités de création que procure le document initial. L’archive est utilisée sous sa forme brute ou peut donner naissance à tout autre chose, à une autre histoire. Elle peut être présente en fi ligrane ou disparaître complètement de la réalisation plastique, laissant place au récit qui en découle. Céline Cuvelier, par exemple, utilise des documents, des témoignages, mais ceux-ci n’apparaissent plus dans la pièce finale. Elle crée un récit/une image à partir de ce qu’elle collecte. Patrick Gaïaudo, quant à lui, utilise les documents d’archive de Loïe Fuller pour mettre en lumière toute la grâce et la poésie des images qu’il nous reste d’elle, ce qu’elles disent, ce qu’il y voit après les avoir observées sans relâche. Julian Walker, Philippe Black et Sam Vanoverschelde, enfin, manient les images d’archive sous leur forme brute, mais les confrontent à leur histoire respective.
Ils tentent de retrouver les points de liaison où leur histoire, leur famille auraient pu se rencontrer dans la Grande Histoire, au coeur de la Seconde Guerre mondiale. Et ce sont ces différentes méthodes qui me semblaient importantes de mettre en lumière : tout ce qu’offre l’archive comme potentialité. L’archive peut être présente au début du processus artistique et devenir “autre”, tout comme elle peut être imaginaire à l’origine, voire ne pas apparaître dans la restitution finale.»
Raya Lindberg
«Documentations potentielles»
L’Art Même du 1er trimestre 2023
Full text here